« A Paris, où que tu ailles il y a toujours une chaise dans la rue. »

Cette réflexion de Johan Renck, réalisateur suédois de séries comme Breaking bad ou The walking deads, clippeur du dernier titre de David Bowie Black Star, faite lors d’un tournage dans les rues de Paris pour le Samu Social*, peut sembler étrange. Les gens créatifs et intelligents, sont capables de sorties déroutantes dont l’intérêt semble parfois motivé uniquement par l’envie d’apparaître comme véritablement originaux.

Cependant cette observation m’est restée dans la tête et j’ai commencé à regarder autour de moi si je voyais des chaises. Il y en avait partout, des chaises abandonnées à tous les coins de rue de Paris. Johan Renck avait raison ! Mais le plus surprenant, c’est que j’ai pu observer au cours d’un certain nombre de voyages, qu’aucune duplication de ce phénomène n’a lieu nulle part. Aucune chaise ne traîne dans les rues de New-York, de Londres ou de Tokyo, de Lima ou de Buenos Aires ou de Châteauroux. Je ne parle pas de chaises parmi un tas d’autres meubles, canapés, matelas, armoires, étagères etc avec un numéro pour les encombrants, ni de la chaise pour prendre l’air sur le pas de la porte comme en Grèce, en Sicile ou ailleurs, mais de la chaise le plus souvent en bon état, mise sur le trottoir, toute seule.

Je n’ai trouvé aucune explication à ce phénomène. Je vis avec cette interrogation. Ce pourrait-être le signe que quelqu’un est mort, on réalise qu’il y a une chaise de trop dans l’appartement, allez hop dehors. Peu probable. J’étais peut-être passé à côté d’une pratique nouvelle de la société qui consistait à offrir une halte reposante à tous ceux qui souffrent de corps aux pieds, de jambes lourdes, d’essoufflement, bref à tous les marcheurs fragiles qui arpentent les rues de Paris, comme une truc à destination du prochain, comme applaudir sur un balcon ou mettre un drapeau à la fenêtre, mais après renseignement, rien. Je suis allé loin dans la spéculation. Rien non plus.

La présence de chaises ou fauteuils, dans les rues parisiennes est un phénomène unique et inexplicable.

Le seul enseignement que j’ai réussi à tirer de cette histoire, c’est que le propre d’un créateur, d’un artiste ou comme on veut appeler quelqu’un comme Renck dont la vie tourne autour de la création, est de voir ce que personne ne voit sans pour autant l’expliquer.  Faire de toute Révélation, un Mystère. Avec ou sans majuscules.

Les photos ci-dessous ont été prises sur une très courte période et sans chercher à photographier des chaises, simplement je me suis arrêté quand j’en voyais une. Mes trajets professionnels ou privés sont assez répétitifs et la cartographie des arrondissements visités et des axes empruntés, est assez pauvre. Ce qui rend à mon avis la démonstration plus convaincante.

* https://fr.adforum.com/talent/5878-johan-renck/work/39361

chaise abandonnée à Paris
chaise abandonnée à Paris
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Chaise abandonnée à Paris
Chaise abandonnée à Paris
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Troupeau de chaises