Porte-conteneurs

Quatre-vingt-dix pour cent de tout ce qui nous entoure est arrivé jusqu’à nous sur un porte-conteneurs, l’ordinateur sur lequel j’écris, la table sur laquelle il est posé, la chaise sur laquelle je suis assis, ma tasse de café, mon café, ma montre, mes vêtements, la bicyclette, le scooter, la moto, etc. Les ports étant des espaces aujourd’hui ultra-sécurisés auxquels nous n’avons plus accès, ce commerce est invisible.

Le Cap San Raphael est un porte-conteneurs de 330 mètres de long, vingt-quatre membres d’équipage, capable de transporter plus de onze mille conteneurs. L’équipage, lors de la traversée Le Havre / Buenos Aires du 10/02/2017 au 01/03/2017, était constitué de six officiers, trois polonais, deux allemands, dont le capitaine, et un philippin. Les dix-huit membres restants, appelés « personnel d’exécution », étaient philippins. Un quart de la population navigante mondiale est originaire des Philippines, ce qui représente environ trois cents mille personnes. A l’heure où Elon Musk envoie dans l’espace des fusées qui reviennent toutes seules, les armateurs considèrent qu’on peut encore réduire la masse salariale à bord des navires.

Par ailleurs, le secteur en pleine restructuration, voit les compagnies fusionner et la mise en place de nouveaux contrats qui exigent de travailler plus pour gagner moins. À cela, il faut ajouter la concurrence de la main-d’oeuvre chinoise. La communauté philippine, dont les membres passent neuf mois sur douze en mer et envoient 80% de leur salaire à leur famille restée au pays, a toutes les raisons d’être inquiète.