Le ciel est le marche-pied de l’espace. On ne voit pas le ciel comme l’espace, le ciel vient avant l’espace, sauf la nuit où les deux se confondent. On voit le ciel comme une toile changeante qui appartient à la terre quand l’espace lui, est plus loin et ne change jamais. Si le ciel appartient à la terre, la Terre appartient à l’espace, comme Pluton ou Mercure appartiennent à l’espace. On ne dit jamais de l’espace qu’il est orageux ou dégagé. L’espace est le même partout quand le ciel de Paris n’est pas le ciel de Venise ni celui de Kirkjubæjarklaustur.
Quand on dit de quelqu’un qu’il va au ciel, où va-t-il ? Pas au ciel. Demandez à n’importe qui, parmi ceux qui pensent que les méritants vont au ciel, il vous dira qu’ils ne vont pas « vraiment » au ciel, celui que nous pouvons apercevoir et que nous connaissons, sinon les heureux élus passeraient l’éternité traversés par la pluie, la grêle, les ondes, les micro-particules, les avions à réaction, les drones, les ulm, les missiles et les fientes d’oiseaux.
Borges considérait que le mot « pesadilla » était ridicule et que ses traductions française et anglaise « cauchemar » et « nightmare » étaient bien plus évocatrices. On pourrait dire la même chose de « Himmel » en allemand qui n’a pas la charge aérienne et poétique de « ciel », « sky » ou « cielo ».